Thomas ~ I'm the black sheep

PARTIE FACULTATIVE. Je m'appelle Thomas Brandwell et je suis à New-York il y a cinquante ans de cela. J'ai un frère jumeau. De mon enfance il n'y a pas grand chose  à dire, j'ai eu une enfance relativement facile, mon frère et moi n'avons jamais manqué de rien. J'étais un gamin calme et discret, je m'amusais avec les autres enfants, mais j'aimais également rester seul dans mon coin.

Depuis que je suis adolescent, je sais que je deviendrai chirurgien, c'était mon rêve. Pourquoi ? Aucune idée sans doute à cause du prestige lié à la profession, mais pas que. C'est un métier passionnant où tu as l'occasion de sauver des vies...ce n'est pas donné à tout le monde.

A dix-huit ans, j'ai découvert mon homosexualité, mais je n'en ai parlé à personne, je savais ma famille homophobe au dernier degré. Je ne voulais pas qu'ils me rejettent, seulement voilà, à dix-neuf ans, j'ai subi une agression et, au-delà du traumatisme que cela me causa, cela mis également à jour mes préférences. L'ambiance à la maison devint plus que tendue. On ne se parlait plus. J'ai dû surmonter cette épreuve tout seul. Mon frère se détacha de moi également. Perdre son jumeau...vous ne pouvez imaginer ce que ça peut représenter comme souffrance. Le perdre alors qu'il est toujours vivant, c'est plutôt paradoxal, non ?

J'ai mis environ six ans pour me remettre du traumatisme causé par mon agression. Je me suis jeté à corps perdu dans le travail. A vingt-cinq ans, j'ai décidé de m'assumer complètement et je me suis affiché avec mon petit ami de l'époque. Inutile de vous dire que ce fut la fin de ma relation avec mes parents. Mon frère ne m'a toléré auprès de lui qu'à la naissance de ses enfants. Je pouvais voir mes neveux et nièce de temps en temps. Si vous voulez mon avis, s'il faisait cela c'était pour me montrer ce que je "ratais" en étant pas hétérosexuel. Oui, mon frère peut vraiment être aussi stupide.

A trente ans, je suis devenu chirurgien.  Ma vie s'écoula donc entre mon travail, les visites à mes neveux et mon couple. Le couple vola en éclat deux ans après et je me plongeai à nouveau dans le travail.

Il y a trois ans, j'ai perdu une patiente sur la table d'opération. C'était une gamine que j'avais suivi tout au long de son hospitalisation. Je venais la voir tous les  jours et je me suis attaché à elle, un peu trop peut-être. Quand j'ai échoué à la sauver, j'ai décidé d'arrêter d'être chirurgien. J'ai donc envoyé ma candidature au poste de médecin de l'université de Cambridge. J'y avais étudié et avais d'excellents souvenirs là-bas.

Depuis, j'y travaille. Pour résumer ma vie actuelle, tout va bien, j'ai un boulot qui me plaît, je vis dans une ville agréable, et j'ai un petit ami. Oui, depuis un mois je ne suis plus célibataire, c'est sympa, non ?

Valentin et Saphir, mon neveu et ma nièce,  participent à l'échange entre Cambridge et La Sorbonne, si bien que maintenant,  pour les voir je dois prendre l'Eurostar, mais cela ne m'ennuie pas, j'adore ces gosses et puis ça me donne l'occasion de retourner en France.